Partir en trek itinérant, en plein hiver, avec l’intention de dormir chaque soir dans un igloo, peut faire (un peu) peur. Pourtant, l’idée qu’on s’en fait n’est pas toujours exacte. Voici donc quelques observations que j’ai pu relever, au fur et à mesure de mes sorties en mode inuit !
Idée 1 : on construit un igloo en empilant des blocs rectangulaires de neige dure
Il y a plusieurs façons de construire un igloo, qui dépendent du type de neige et de l’utilisation qu’on envisage de son abri. Dans le cadre d’un igloo conçu pour une seule nuit et dans le contexte d’une randonnée dans les Alpes du nord, sous un climat qui n’est pas celui de la Laponie ou du Grand Nord canadien, on peut privilégier une technique relativement simple, faisable seul ou à deux. Plutôt qu’un long discours, je vous conseille de jeter un coup d’œil sur cette petite vidéo en cliquant ici.
Idée 2 : c’est long et fatiguant de faire un igloo
C’est pas faux ! Quand je suis seul, il me faut en général 3 heures pour construire un édifice dans lequel on pourrait tenir à deux en étant un peu serrés. Il faut donc en tenir compte dans l’horaire de la journée, car c’est préférable d’avoir fini l’igloo avant la nuit. Pelleter de la neige pendant 3 heures, qui peut être assez lourde, est effectivement assez physique. Mais quand on est deux, c’est déjà plus simple et puis cela vous maintient réchauffé ! Ca n’empêche pas de faire quelques pauses, dans un cadre magnifique évidemment !
Idée 3 : dormir sous un igloo, c’est avoir froid toute la nuit
Je n’ai pour l’instant jamais eu froid dans mon igloo, une fois installé dans mon sac de couchage. Bien sûr, dans cet abri de fortune qui reste un igloo assez rudimentaire, il ne faut pas compter obtenir une température positive (ce qui n’est de toute façon pas tellement souhaitable, à moins d’aimer recevoir gouttes d’eau sur soi) ou même à 0°C. Mais à côté du froid qu’il peut faire dehors, à même la neige, exposé au rayonnement nocturne si le ciel est dégagé, et accessoirement au vent, votre chambre à coucher style Reine des neiges vous semblera bien plus tempérée ! Je le sais parce que j’en ai fait un jour l’expérience, et je vous promets qu’il n’y a pas photo. Cela demande évidemment d’être bien équipé pour affronter une température intérieure voisine de -1 ou -2°C.
Idée 4 : il faut un très bon duvet pour dormir sous un igloo
Oui, mais comme je l’ai dit juste avant, dans le contexte d’une randonnée hivernale sous un climat tempéré et en moyenne montagne, donc pas à plus de 3000 mètres et sous des latitudes arctiques, il n’est pas nécessaire d’avoir un sac de couchage adapté à des températures de -10 ou -20°C. Surtout, il est absolument primordial d’être isolé de la neige par un matelas gonflable. C’est à mon avis encore plus important qu’un bon duvet. Et ce n’est pas la peine d’acheter un matelas ultra technique, j’utilise moi-même un matelas très simple, épais de quelques cm seulement, posé sur une couverture de survie que j’étale au sol.
Idée 5 : on peut avoir des engelures avec ce genre d’aventure !
Non, du moins à l’exception de conditions météo sévères et extrêmes. Mais néanmoins à quelques conditions. D’abord, comme je l’ai dit au-dessus, avoir un bon duvet et être isolé du sol enneigé par un matelas gonflable. Ensuite et surtout, avoir du change pour éviter de se coucher mouillé ou même humide, particulièrement au niveau des extrémités (orteils en particulier). Il faut en effet savoir que la construction de l’igloo, surtout si la neige est humide et que la température extérieure est douce (tant qu’il y a du soleil), va vous laisser quelque peu imbibé d’eau. Il est donc très important de pouvoir mettre pour la nuit des chaussettes sèches, une paire de gants pas trop encombrante mais qui vous protège, plusieurs couches de sous-vêtements gardant efficacement la température corporelle. Enfin, avoir sur soi au besoin quelques chaufferettes pour les pieds et les mains, peut rendre service.
Idée 6 : il doit y avoir des conditions météo plus ou moins favorables pour envisager ce type de nuitée
Oui, et c’est pour ça qu’il faut savoir adapter son projet en fonction des conditions du moment, et surtout faire preuve d’humilité. Surtout avec les hivers plus doux que nous connaissons. A mon avis, les situations les plus défavorables sont les suivantes :
- en cas de redoux avec remontée de l’isotherme au-delà de l’altitude où l’on se trouve, et si le ciel est ennuagé (ou à plus forte raison s’il pleut). Votre igloo manquera de solidité et risquera de s’écrouler sur vous pendant la nuit ou lors de la construction. Au-delà du désagrément, il faut savoir que la neige mouillée et humide est très lourde et pourrait vous blesser gravement.
- en cas de grosses chutes de neige très légères et froides, sans beaucoup de sous-couches de neige plus dense. Même si le paysage sera celui d’une carte postale, une neige trop froide et légère est très difficile à densifier, ce qui rendra la construction de votre abri bien plus longue et délicate. Ce n’est pas impossible, mais il faut le prendre en compte dans le planning de l’étape. Par contre, le point positif, c’est que vous serez beaucoup moins mouillé à la fin de l’opération, vu que la neige est plus « sèche ».
Voilà quelques constatations que j’ai pu faire au fil de mes sorties. Si ce type d’expérience vous intéresse mais que vous voulez bénéficier de l’aide d’un professionnel, je peux vous aider !
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